Et oui... encore un caprice... l'installation de l'ADSL chez mes parents pour me permettre de surfer pendant ma convalescence ! Tout s'arrange depuis le dernier numéro ! J'ai repris mes habitudes bretonnes...
Imaginez !
Ciré jaune et parapluie... et oui, il pleut en Bretagne et en même temps, le temps est lourd (mais moins lourd qu'à Saint-Dié-des-Vosges).
Dans la véranda arrive le son d’une bombarde. Pour ceux qui l’ignoreraient, la bombarde est un instrument de musique. C’est aigu, nasillard. Et ça sert à danser. Bref, il doit y avoir quelqu’un à quelques encablures qui s’entraîne. Ce n’est pas franchement désagréable, juste un peu répétitif. De toute façon, il faut de tout pour faire un monde. Y compris des bombardes. La discussion est donc close. Sinon, le bruit de fond, c’est celui du vent dans les feuilles. Un léger bruissement, qui donne l’illusion d’une petite fraîcheur. Ce n’est pas vraiment du vent, disons plutôt une brise. Les peupliers de la propriété adorent faire de la musique avec la brise. C’est un peu la musique que ferait un ruisseau, si la brise coulait façon clapotis. Inutile de vous préciser que je ne vous écris pas d’un bureau mais de ce lieu extrêmement sympathique qui s’appelle les vacances. Là où on entend des bombardes. De temps en temps, j’entends le cri d’un oiseau que, malgré, toute ma science, je n’arrive pas à identifier. Un oiseau d’eau, apparemment. Ma science me dit que ce pourrait être une poule d’eau. Mais elle me dit aussi que ce n’est pas vraiment sûr. Parfois, je me demande à quoi me sert ma science.
Tout à l’heure, c’était le ronron d’un tracteur qui faisait contrepoint à la bombarde. Un bruit à l’ancienne, d’avant le progrès… ces vieilles machines, c’est comme le bourdonnement des frelons. Et j’ai horreur des frelons. On ne trouve des frelons qu’à la campagne, allez savoir pourquoi. Une campagne sans frelons, ce serait une campagne épatante. Et, tant qu’on y est, sans moustiques… Le zonzon du moustique sadique en pleine nuit, ça devrait être interdit. Pour casser l’ambiance, bravo ! Comme il y a un chantier dans la ferme à côté, j’entends les bruits du chantier. Un petit chantier, une maison en construction. Des coups de marteau, les parpaings qu’on entasse… comme quoi pendant que je flemmarde en villégiature, d’autres travaillent. Patience, ce sera peut-être votre tour, un jour ! Et moi je me retrouverai devant ma classe. En attendant, j’en profite, sans la moindre vergogne. Les vacances sont une conquête de l’humanité. Et je fais partie de l’humanité conquérante. Tiens, je n’entends plus la bombarde ; le joueur s’est arrêté. Il a peut-être trouvé qu’il faisait trop chaud (oui !) pour souffler dans cet instrument.
Parce qu’il fait chaud. Mais ça, vous le saviez déjà. Quoique, ici, ça reste supportable. En tous cas, ça donne des sujets de conversation, c’est le principal. J’adore parler du temps. Les vacances, c’est avoir le temps de parler du temps. Parler du temps, c’est la civilisation, oui ! C’est de la conversation sans importance, qui ne prête pas à conséquence. De toute façon, le temps n’en fera qu’à sa tête. Mais l’habiller de mots, c’est aussi beau que le murmure du vent dans les arbres. D’ailleurs, j’ai bien l’impression que ça va se gâter ; tout dépend d’où vient le vent…
Ah ça y est, le calme s’installe… plus un bruit. Le grand silence, le silence de l’été, le silence des vacances… on va doucement vers la nuit. L’orage n’éclate pas. On écoutera la nuit. Comme le monde n’est pas parfait, on entendra peut-être des moutons, des vaches, des chevaux… jusqu’ici, on a échappé à la tournée de Sarkozy, qui va de plage en plage, de monts en monts… et on rêve que là-bas, en Israël, au Liban, où on bombarde, où on se fait bombarder, on ait enfin le droit de ne s’occuper que du bruit des oiseaux, du bruit du vent…
...ce droit devrait être un droit imprescriptible de l’humanité…
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