11 octobre 2008

Ce qui rend les enfants homophobes...

"Pédé !" est une insulte courante dans les cours d'école. Dès le primaire, sans trop savoir de quoi il retourne, les garçons s'en emparent. Plus tard, au collège et au lycée, l'injure est proférée en connaissance de cause.
"Dans notre rôle d'éducateur, la lutte contre l'homophobie est à mon sens un enjeu essentiel", a estimé le ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos, dans un entretien accordé au magazine gay Têtu. Pour la première fois dans la circulaire de rentrée, celle-ci figure comme l'une des dix grandes orientations prioritaires assignées aux recteurs.
Dans le courant du premier trimestre, une campagne nationale d'affichage sera organisée dans tous les lycées publics et dans les établissements privés qui en font la demande.

Objectif : mieux faire connaître la ligne Azur créée par Sida Info Service en direction des jeunes qui s'interrogent sur leur orientation sexuelle.

A la différence d'autres discriminations comme le racisme ou l'antisémistisme, l'homophobie est un sentiment complexe qui renvoie à la construction de l'identité sexuelle. Cette période homophobe, davantage le fait des garçons que des filles, sera plus ou moins violente et durable en fonction de la propre histoire de ces jeunes. Pour Eric Verdier, psychologue-psychothérapeute, "plus on est homophobe, plus on a une part de bisexualité non assumée". Une fois adultes, les hétérosexuels les moins homophobes seraient ceux qui sont le plus à l'aise avec leur propre sexualité.
Jacques Lizé, président de SOS-Homophobie, distingue à travers les insultes dont sont victimes les homosexuels, trois composantes de l'homophobie. "Folle", "tata", "tarlouse", "hommasse" viennent du fait que les rôles traditionnellement assignés aux hommes et aux femmes sont transgressés. "Broutte-gazon", "enculé", "suceuse", "salope" assimilent l'homosexuel à un obsédé sexuel. Ces deux types d'insultes sont liés à l'influence de la religion qui assigne à la sexualité une fonction de reproduction et pas de plaisir. Enfin, avec pédéraste ("pédé", "pédale"), l'homosexuel est hérigé en suspect.
Pour prévenir l'homophobie, il est fondamental que les éducateurs et les parents interviennent et rassurent les adolescents sur la sexualité, l'amour et la différence. Reste qu'il n'est pas toujours évident pour les associations militant contre l'homophobie d'obtenir des agréments pour intervenir en salle de classe. La Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) a lancé, en mai, un groupe de travail qui associe des représentants de l'éducation nationale, les associations et les parents d'élèves. Objectif : identifier les blocages et apporter des recommandations pour faire en sorte de les lever.

Biblio :
Dans le coeur des hommes, Serge Hefez. Hachette Littératures, 2008. 303 p., 19 €.
Comment devient-on homo ou hétéro ?, Stéphane Clerget. Ed. J.- C. Lattès, 2006. 428 p., 18 €.
Petit manuel de gayrilla à l'usage des jeunes, Michel Dorais et Eric Verdier, 2005. H & O. 174 p., 11 €.
Ligne azur : 0810 20 30 40, http://www.ligneazur.org/index.php3.
SOS-homophobie 0810-108-135 ou 01-48-06-42-41, www.sos-homophobie.org.

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