01 mai 2007

Pourquoi il est raisonnable de voter ROYAL le 6 mai !!




Par sa démarche lors du débat avec Bayrou samedi, par ses propositions de réformes des institutions, ouvertes aux opinions minoritaires et indépendantes du pouvoir central, et par sa volonté de ne plus faire de la politique bloc contre bloc, Ségolène Royal montre que le pluralisme sera préservé.
Samedi midi, Ségolène Royal et François Bayrou ont débattu devant des journalistes. Des caméras et des micros ont retransmis leurs échanges aux auditeurs et aux téléspectateurs. Du bouche à oreilles et des médias propageront ces propos. Chacun trouvera dans ce dialogue ce qui lui convient selon son appartenance politique. Les uns insisteront sur les divergences, les autres sur les convergences. Peu importe. Il s'agissait d'une première dans l'histoire de la Vème République. Qu'un candidat présent au second tour échange, sans recherche de ralliement ou de soutien et devant tous, avec un candidat éliminé au premier tour. La démarche, telle qu'elle a eu lieu et parce que François Bayrou a obtenu un tel score au premier tour, ne peut être que profitable à la démocratie.

Parce qu'il faut maintenant choisir au second tour. Alors, on pourra pointer les divergences entre la candidate socialiste et le président de l'UDF. L'UMP et les partisans de Nicolas Sarkozy s'y emploient. C'est normal. Car il y en a des divergences, et certaines ne sont pas des moindres, notamment sur les aspects économiques et sociaux. Peut-être même sont elles irréconciliables ? Mais là n'est justement pas le problème. Car c'est heureux que ces divergences existent. Elles offrent la richesse du choix et de la démocratie.

Mais il ne faut pas se tromper d'élections. C'est de la présidentielle qu'il s'agit. Ces divergences, quelle que soit leur intensité, seront tranchées au moment des législatives. On oublie trop souvent cela : c'est le Parlement qui fait les lois. On l'oublie car on nous a habitué depuis longtemps déjà à toutes ces lois proposées par l'exécutif. Or je le répète, c'est le Parlement qui fait les lois. Et c'est bien aux législatives qu'on élit une part des membres de ce Parlement, les députés. Les Français diront alors quelle politique économique et sociale notamment, ils souhaitent. Elle sera de droite, du centre ou de gauche, prônée ou pas par le président nouvellement élu selon qu'il obtient une majorité ou non. nous verrons.

Mais le 6 mai, il s'agit de l'élection présidentielle. Et le président est le garant du bon fonctionnement des institutions. Or, du débat de samedi, il ressort une convergence d'idées entre Ségolène Royal et François Bayrou sur le fonctionnement de ces institutions. Pour eux deux, un moyen d'assurer la diversité de l'offre politique, des opinions et du choix, bref de la vie démocratique du pays. Les députés UDF peuvent rallier Nicolas Sarkozy. Peut-être auront-ils ainsi plus de chance de conserver leur mandat d'élu ? Sans doute. Mais que peut-il leur faire d'être élus si leurs opinions, quand elles divergent - et il existe, ne nous y trompons pas,des divergences entre le centre et la droite, et pas des moindres là aussi, citons par exemple la ratification du futur traité européen ou même le budget ces dernières années - que peut-il leur faire d'être élus si leurs opinions ne valent pas, ne sont pas prises en compte ?

Alors on lira ou entendra que Nicolas Sarkozy aussi avance des propositions institutionnelles (limitation du nombre des mandats du président de la république, audition et véto du Parlement pour les nominations au plus hautes fonctions, réforme du CSM) pour améliorer la vie démocratique du pays. Elles restent bien pales par rapport à celle de Ségolène Royal (suppression du 49-3, réforme du Sénat, introduction d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée, nomination des membres des instances supérieures (CSA, CSM, Conseil constitutionnel) par le Parlement, limitation du cumul des mandats, nomination d'un membre de l'opposition à la présidence de la commission des finances...). Mais surtout, c'est ici, précisément, que Nicolas Sarkozy est comptable de son bilan. Non pas celui de membre des gouvernements Raffarin et Villepin mais de président de l'UMP. Que s'est-il passé lorsque les députés UDF n'étaient pas ces derniers temps sur la même position que ceux de l'UMP, s'abstenaient sur des textes ou votaient contre. On les tordaient dans tous les sens, vilipendaient et renvoyaient dans l'opposition, c'est dire la considération que l'UMP a pour celle-ci. Jusqu'au députés UMP eux-mêmes qui se devaient de voter les lois proposés par l'exécutif sans sourciller. Y'a-t-il eu des courants à l'UMP pour refléter les diverses sensibilités ? Ils étaient prévus, personne ne les a jamais vus. Des membres de l'UMP ont-ils pu se présenter contre Nicolas Sarkozy à la candidature à la présidentielle ? Demandons à madame Alliot-Marie ou monsieur de Villepin. Dissuadés. Des membres de l'UMP ont-ils pu se présenter en dehors du parti à la présidence de la République ? Voyons chez madame Boutin ou monsieur Dupont-Aignan. Asséchées les opinions divergentes. Un parti godillot, aux ordres.

Nicolas Sarkozy y a-t-il apporté la moindre réforme ou a-t-il adhéré à cette façon de voir les choses, de faire et d'être ?
A-t-il garanti la liberté d'expression des opinions divergentes, les a-t-il favorisées et soutenues au sein de son parti ?


S'il en est un à droite qui l'a fait, c'est sans doute Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, son camp le lui a bien reproché. C'est donc là le bilan de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, qu'il faut prendre en compte. Président ici ou au conseil général des Hauts-de-Seine où, et je ne sais pas s'il faut y voir une coïncidence ou un hasard, sont intervenues les premières défections d'élus UDF en sa faveur. Sans doute par conviction. Je ne ferai pas ici le procès des amitiés économiques ou médiatiques de Nicolas Sarkozy. Chacun se lie avec qui lui convient. Mais j'insiste par contre sur une autre convergence entre Ségolène Royal et François Bayrou pour délier et séparer des intérêts qui pourraient se révéler conflictuels. Une garantie pour la démocratie et la liberté de penser autrement. Une proposition que n'avance pas Nicolas Sarkozy. Alors, parce qu'avant de voir le fond, il est important de regarder la forme qui permettra à ce fond d'exister et et de s'exprimer ; parce qu'il faut toujours penser qu'un jour, on peut ne pas être d'accord avec la majorité, être minoritaire, il faut se garder la possibilité d'exprimer cette divergence.

Par sa démarche ce samedi, par ses propositions de réformes des institutions, ouvertes aux opinions minoritaires et indépendantes du pouvoir central, et par sa volonté de ne plus faire de la politique bloc contre bloc, Ségolène Royal montre que cette possibilité sera préservée. Aux bilans de l'UMP à l'Assemblée et au gouvernement, de Nicolas Sarkozy à la présidence de son parti et du déni que font ses partisans de l'utilité et de l'intérêt, de la légalité même, du dialogue que nous avons vécu entre Ségolène Royal et François Bayrou, nous n'avons pas la certitude de garder cette possibilité intacte, et pour l'instant nous en avons même la preuve que non. Non pas que les institutions seraient dévoyées mais à coup sur, elles resteraient bien vérouillées au profit d'un seul camp. Les députés UDF et les Français devraient y penser. Et les désaccords sur les sujets économiques et sociaux pourront alors exister et s'exprimer aux législatives.

C'est pourquoi je pense qu'il est raisonnable pour le centre de voter Royal le 6 mai.

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