09 août 2006

En attendant la rentrée... un climat dégradé...

Les années précédentes...
Quoique moins tabou, l'homosexualité reste un sujet sensible. Reconnaître celle de son enfant comme légitime exige un long chemin semé de doutes, de crainte du qu’en-dira-t-on.
La révélation.
Ça arrive un jour, dans un climat de confidence, on parle. Souvent, même si on s’en doutait, c’est un choc. On pleure, on se lamente sur les petits-enfants qu’on aurait tant voulu avoir. On oublie que l’homosexualité comporte une part énorme d’affectivité, d’amour. Or c’est là que se situe le terrain d’entente le plus solide : ces couples connaissent des peurs et des joies, des doutes et des regrets, espoir et jalousie. Alors pourquoi les bannir, même si cela vous déchire ?
''Tout sauf ça'', des mots qui font mal.
Si les mentalités ont évolué, l’homophobie persiste. De nombreux parents affirment : ''Tout sauf ça !''. Des jeunes qui ont voulu se confier à leurs parents sont rejetés par leur famille comme des criminels. C’est la honte, la trahison... J'ai évité ce climat, et pourtant ! Les proches se sentent déshonorés. La qualité de la relation affective qui existait avant la révélation joue un grand rôle. Si elle était solide, il est moins malaisé de la perpétuer, de la réinventer. Si elle était agressive, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les portes et les cœurs se ferment… pour se rouvrir, parfois, plus tard ; j'espère.
Dire et comprendre.
Beaucoup de jeunes homosexuels sont désespérés de cette incompréhension. Beaucoup vivent cachés et portent cette blessure comme un deuil déchirant (statistiquement, ceux qui n’ont rien dit jusqu’à 40 ans sont les plus malheureux, ils ont trop attendu et il est trop tard). Pourtant, l’homosexualité n’est pas un échec, c’est une composante de la personnalité. Au-delà de la gêne, de la peur, de la honte, enfants et parents ont plus de chances de s’en sortir ensemble quand la vérité voit le jour tôt... et c'est pour cela que depuis 2 ans, ils savent.
Mais coup de gueule sur coup de coeur... depuis quelques jours que je suis rentré de vacances... le climat se dégrade un peu plus autour de moi. Trois semaines avant la totale indépendance... Les parents qui apprennent l'homosexualité de leur enfant sont souvent troublés et ne savent pas comment réagir et l'accompagner. C'est mon cas, bien que M. accepta tout. Quant à P., j'aurai préféré le voir troublé et même sur le point de pleurer que de le voir impassible. Ne manifester aucune émotion est pour moi vécu comme un signe d'indifférence à mes difficultés. Ne me considérer que sous le seul angle de ma sexualité m'insupporte. Avant le moment où je lui ai dit les choses, nous parlions de façon globale. Il disait : "A. a tel projet, il a tel tempérament, il voit tels amis". Il se posait bien des questions : "Quand va-t-il fonder une famille, sera-t-il épargné par le chômage, etc.?" Autrement dit, ce qui concernait ma sexualité n'empêchait pas la prise en compte de la diversité des traits de ma personnalité et de ma vie. Eh bien, il devrait en être de même aujourd'hui. Je le dis, je ne suis pas un homosexuel. Je suis cet être libre que vous avez mis au monde et avec qui vous avez jusqu'ici entretenu des relations intenses faites de réactions et de sentiments divers et contrastés : connivence, tendresse, harmonie, accueil, amour..., mais aussi lassitude, conflit, anxiété... Bref, je voudrais continuer à vivre au mieux ces relations multiples qui tissent la vie quotidienne, en y mettant simplement un peu plus d'écoute. Alors ne cherche pas à mener une investigation, ni psychologique - que seul un thérapeute peut faire - ni "policière", en faisant des enquêtes tatillonnes sur mes relations. Il est vrai cependant de savoir qu'une tentation t'a guetté, celle de dire : ''Tu sais, ton état n'est probablement que passager, c'est une mode !" Or, entré dans l'âge adulte, je savais de l'intérieur ce que j'amais.
Ainsi notre attitude de fond doit être la recherche d'un dialogue (et non d'un conflit) dans lequel chacun se sent respecté ; ce qui ne signifie nullement qu'il faille cacher les émotions qui naissent au cours des diverses prises de parole... Au final, je ne te connais pas.

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