
A la veille du 14 juillet, 47 % des sondés jugent ''utile'' l’action du chez de l’Etat (Sondage Libération du 13 juillet 2006). Serait-ce une embellie à quelques mois du départ… à moins qu’il s’agisse d’un début d’un hommage à un Président déjà considéré comme un homme du passé !
Une bonne occasion se présentait à Jacques Chirac de donner un peu de sens à une fête nationale qui célèbre l’anniversaire du plus emblématique soulèvement contre l’arbitraire. Certes, les ''embastillés'' de 2006 ne croupissent plus sur une paillasse derrière les murs humides d’une forteresse où ils ont été admis sur lettre de cachet. Mais il reste pourtant bien des Bastilles à abattre. Les victimes de l’arbitraire dans la France d’aujourd’hui se rencontrent notamment parmi les jeunes lycéens et les étudiants condamnés à la suite des mouvements contre le CPE. Des jeunes gens qui ont le tort d’avoir eu raison contre le gouvernement, puisque la loi instituant le contrat première embauche a finalement été abrogée. Dans ces conditions, les amnistier à l’occasion du 14 Juillet pouvait paraître une évidence. Il était légitime d’attendre du chef de l’État qu’il fît un geste à l’égard de justiciables, qui ne sont ni des malfrats, ni des corrompus, ni des patrons voyous, ni des manipulateurs de stock-options, mais des jeunes citoyens refusant l’institutionnalisation de la précarité contenue dans le projet concocté par Dominique de Villepin.
Une évidence ? Pour toute personne de bonne foi, qui sans approuver les débordements (provoqués par qui ?) qui ont accompagné une lutte longue, massive, avant d’être victorieuse, se refuse à voir des délinquants dans tous ces jeunes raflés sur les boulevards, soumis à une justice d’abattage après avoir subi des gardes à vue humiliantes. Ces peines de prison, ces lourdes amendes distribuées à la hâte (après des instructions de sévérité du ministère de la Justice) auraient dû être effacées... Eh bien ce sera non, si l’on en croit les stupéfiantes informations selon lesquelles les jeunes anti-CPE ont été exclus des grâces collectives du 14 Juillet.
Faut-il que la rancune de la droite soit tenace, que la contestation sociale soit à ce point criminalisée par les libéraux qui président encore au malheur de notre pays, faut-il que l’influence de Nicolas Sarkozy (qui dit ''racaille'' quand il pense jeunesse des quartiers populaires) soit prégnante sous les lambris de l’Élysée, pour que des jeunes manifestants soient plus durement traités que des malfrats. Lorsque l’engagement social ou politique est entouré de plus de suspicion que la délinquance de droit commun, il y a du souci à se faire pour l’état de la démocratie...
Les arguties laborieusement débitées par les préposés à la communication présidentielle ne trompent personne. Les faits reprochés aux lycéens et aux étudiants n’entreraient pas dans le cadre d’une grâce présidentielle, mais d’une amnistie. Qu’à cela ne tienne ! Le président de la République, qui a en charge de veiller à la moralité et à l’équité dans la vie publique, pourrait très bien annoncer, au cours du traditionnel interview télévisé, une amnistie pour les jeunes anti-CPE, comme il l’a fait récemment pour l’ex-ministre des Sports Guy Drut.
Est-il encore permis d’attendre qu’il se ressaisisse ? On peut malheureusement en douter. Et pourtant, au nom des milliers de jeunes gens arrêtés lors des manifestations, de plus de six cents poursuivis et condamnés, des quelque soixante-dix lycéens et étudiants qui se sont retrouvés derrière les barreaux, des dizaines de milliers de citoyens qui ont signé la pétition de l’Humanité, nous voudrions croire que Jacques Chirac, en cet ultime 14 Juillet de son quinquennat (?), accorde ses actes avec ses propos tenus hier lors de la cérémonie en hommage au capitaine Dreyfus, évoquant ''les valeurs humanistes de respect et de tolérance, qui aujourd’hui encore constituent notre ciment''. Et pour ce faire, il n’est pas trop tard pour démentir les informations officieuses : ''Amnistiez les jeunes anti-CPE''.
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C'est mon sentiment qui est loin d'être partagé... surtout ici en Chiraquie. Aujourd'hui, on se préoccupe plus de la retraite aux flambeaux et du feu d'artifice de ce soir... pourtant l'actualité est troublante : Le Proche Orient s'embrase. Israël ouvre un nouveau front au Liban, un air de guerre ?
Mais ce soir, place au bal populaire... il fait beau, il faut chaud. Rendez-vous donc au bal des pompiers (oui). Rendez-vous avec cette France populaire sur le dancefloor...
Vous n'êtes jamais seuls
Vous savez ce qu'il faut faire
Ne laissez pas tomber votre nation
La disco a besoin de vous
Kylie Minogue, Your disco needs you, 2003.
En attendant ce soir, aujourd'hui séance photo dans la montagne... des lieux à immortaliser ! (en même temps... ici tout semble immortel).
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