29 mars 2007

Blogging-out !


Avec mon regard et mon expérience, je commence à repérer les différentes phases du cycle de vie du blogueur. Au début, on est tout excité, on a envie d’écrire dix fois par jour, à la fois sur le quotidien mais aussi sur des choses « de fond », mais on est aussi un peu frustré de ne pas être vraiment « lu » en comparaison de ce qui est alors « donné ». Et puis la tendance s’inverse, le lectorat s’étoffe et peu à peu l’inspiration s’étiole. Etre lu augmente les interactions et le jeu de socialisation qui permet des rencontres sympathiques (et plus si affinités), et qui donne en général au blog une place de plus en plus importante dans sa « vie ».

Et du coup, vient cette phase où l’on a envie de parler à tout le monde de son blog… à ses amis, aux tchateurs fous de Rezog, à ses collègues, à ses parents, à son chien, à son dentiste et au vestiaire du Dépôt. Parce que plus on est lu, mieux on se porte, et plus confiant on est dans l’intérêt qu’on espère susciter chez autrui. Et le petit ego se sent mieux, et puis aussi d’un point de vue pragmatique, viennent rapidement les moments où l’esprit s’égare et où on commence ses phrases par « Justement j’en ai parlé hier sur mon blog… ».

Seulement, un blog est intéressant s’il est personnel et s’il évoque autre chose que du ciné, des bouquins, du théâtre ou des futilités de ce genre (oui, oui, je le professe, je suis chiant dans 98% de mes articles, hu huhu). Evidemment, je sais que les blogs persos agacent aussi beaucoup de gens qui n’y voient qu’un déversoir pour pauvresses esseulées. Oui mais pas que ! En tout cas pour moi, tout au contraire, je trouve dans ces blogs une source intarissable de partage d’expériences diverses et variées, d’anecdotes rigolotes ou excitantes, d’occasion de s’identifier à ses potes, à ses copines etc. Evidemment, j’aime aussi les blogs pour les qualités d’écriture de certain(e)s, et parfois pas des carnets pas du tout personnels, mais en gros j’apprécie les gens qui me font ainsi part de leurs petits épisodes vitaux, tout en les mettant en scène avec talent.

Et qu’est-ce qui marche ? Mais le scandaleux évidemment, le sexuel et sulfureux, la polémique et le brûlot qui fait du boucan, il y a aussi l’humour et l’ironie, le billet d’humeur bien senti, la confidence inavouable qui nous parle ou bien encore un témoignage authentique et sincère. D’où ce désir ambigu et impossible d’être lu par le plus grand nombre, mais de se retrouver ainsi autocensuré. Ou alors il faut s’ouvrir à la blogosphère seule et rester anonyme, mais alors il est difficile de cacher cela à ses proches. Sinon on dit tout à tout le monde, et alors on se retrouve à ne plus « rien » avoir à dire. Car parler de ses proches en les fustigeant ou pire, c’est s’exposer à des représailles ou bien simplement à des malentendus qui ne se terminent jamais bien. Et évoquer sa relation peut aussi dramatiquement se conclure.

Mais y’a pas à dire, lorsque j'allais mal, j’ai battu les records d’audience, et suite à un fameux post, j’ai purement et simplement doublé mon trafic durant cette période (ce qui m’a vraiment éberlué à l’époque). Ensuite, il faut gérer au mieux son blogging-out… Les couples de blogueurs aussi je connais… pour le meilleur et pour le pire. Aujourd’hui, j’ai à priori trouvé mon équilibre avec des amis qui lisent ou pas, et finalement une myriade de sujets qui se présentent au hasard des rencontres, et pérégrinations de mes méninges.

Donc tout ça pour dire que je ne sais pas s’il faut vraiment le dire, mais que cela doit relativement devenir inexorable avec le temps. (Putain, tout ça, pour ça !) Devient-on alors mauvais en se censurant ? Eh bien oui, certainement en partie, en tout cas pour les articles les plus “intimes”, ou en tout cas il faut se limiter à soi et seulement à soi (le narcissisme devient alors une obligation), évoquer le passé (et les relations amoureuses, amicales ou familiales) et se faire le scribe des anecdotes du quotidien. C’est moins facile donc, mais finalement cela peut amener à une démarche intéressante.

Le meilleur pédéblogueur du moment, c’est à mon avis B. (les choses changent et évoluent, mais il est diablement doué). Il écrit très bien, il est drôle, un brin trashy, et il fait tout pour qu’on se l’imagine bien sexy et déluré en faisant marcher à fond la machine à fantasmes. Il parle de cul, de ses soucis de thunes, de taf, de mec… Et il n’a pas non plus l’air d’être arrogant ou pédant, au contraire il montre aussi ses petites faiblesses, quand ce n’est pas sa montagne de défauts, et le tout avec une autodérision qui le rend très sympathique.

Ah bah voilà ! Les meilleurs ne durent pas (suivez mon regard), mais c’est normal, c’est dans l’ordre des choses, et c’est bien ainsi. Il y a des moments, il faut savoir les saisir.

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