Quels inquiétants fantômes hantent l'Europe de l'Est ?
Des milliers de nazillons ont joué à la guérilla urbaine avec la police dans les rues de Budapest. A Bratislava, Jan Slota, chef du parti national slovaque (S.N.S.), membre de la coalition au pouvoir, tient sans vergogne des propos antitziganes et antihongrois (la Slovaquie compte une minorité magyare de 600.000 âmes). A Varsovie, la Ligue des familles polonaises, allié des frères Kaczynski, se réclame d'un parti antisémite d'avant guerre ! Dans les pays baltes, on commémore officiellement les ''patriotes'' ralliés à la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre Mondiale ! Vus de notre côté de l'ancien rideau de fer, certains des nouveaux membres de l'Union Européenne ont de quoi faire peur !
Faut-il pour autant en conclure que la Nouvelle Europe ex-communiste (hélas), tant vantée par Bush, a sombré dans le fascisme ? Assurément, non ! Certes, la Pologne s'est enfoncée un peu plus dans la crise politique, avec l'expulsion du gouvernement du tribun populiste Andrzej Lepper, fin septembre. Mais, malgré leurs gesticulations, les frères jumeaux Kaczynski n'ont pas ramené la Pologne à l'époque du maréchal Pilsudsky !
Les pays baltes, pour leur part, peinent à normaliser leurs relations avec leur voisin russe. Restée plutôt discrète depuis la chute du Mur, la Hongrie a fait une entrée fracassante dans les médias occidentaux grâce à son Premier ministre socialiste, Ferenc Gyurcsany. Jamais un homme d'Etat en exercice n'avait avoué aussi crûment et devant un micro avoir trompé ses concitoyens pour gagner une élection !
Ses propos, on le comprend, ont ému les Hongrois. Mais pourquoi cette indignation légitime s'est-elle traduite par une démonstration de force de l'extrême-droite ? En Hongrie, le clivage est profond entre la gauche communiste et la droite, qui instrumentalise volontiers la question nationale, et notamment le sort des minorités magyares à l'étranger. En témoignent notamment les difficiles relations avec Bratislava, au gré des provocations de part et d'autre du Danube. Le chef de l'opposition conservatrice, Viktor Orban, a prouvé dans le passé qu'il était prêt à pactiser avec l'extrême-droite pour revenir au pouvoir.
En tout cas, les Hongrois ne tiennent pas trop rigueur à leur Premier ministre de son excès de sincérité : 51 % des électeurs conservent en lui leur confiance...
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