29 février 2008

D.I.S.P.U.T.A.T.I.O.


L’actualité nous fournissait sur un plateau un tas de sujets : la Shoah en CM2, les cours de morale et de politesse à l’école et le «casse-toi pauvre con», les dotations horaires des établissements en baisse et les postes supprimés.
Et pourtant rien sur ce blog…Faut être honnête : on a eu un coup de vacances ! Un peu de fatigue, l’hiver, le froid, la pluie, la nuit, la mer, tout ça…
Mais y’a pas que ça. Nous sommes blasés, anesthésiés. Pire : dépassés !
Un exemple : L’idée de confier à chaque élève de CM2 la mémoire d’un enfant juif mort pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est tellement gros, tellement démago-populo mémoriel, tellement indécent, tellement... ''je m’effondre dans les sondages, qu’est-ce que je pourrais bien dire pour me faire bien voir ?''
Et pourtant c’était facile !
Il aurait suffi de rappeler, par exemple, que sous cette mandature, la mairie de Paris a fait apposer à l'entrée des écoles primaires des plaques commémorant la déportation et l’assassinat des anciens élèves juifs. La pose des plaques a été l’occasion de cérémonies. J’ai assisté à l’une d’entre elles, dans le XIXe, les élèves étaient là avec des témoins et des membres d’associations, ils lisaient des textes élaborés en classe. Bref c’était simple, émouvant, pédagogique et historiquement sérieux.
J’aurais pu aussi expliquer que dans mon collège le cours sur l'extermination des Juifs d’Europe – comme écrirait Raul Hilberg – est l’un des plus réussis. Il y a toujours eu à cette occasion plus d’attention, plus de gravité, plus d’intérêt aussi. L’apogée ayant été cette année une après-midi avec tous les élèves de Troisième au camp du Struthof.
Là-dessus Sarkozy arrive, fait croire que rien n’est fait et joue sans scrupule avec l’histoire et la mémoire. Mais que vaut un propos réfléchi face à un caprice présidentiel ?

Même l’agitation maladroite de Darcos qui, soucieux de sauver son maroquin –d’autant que s’il perd Périgueux, il ne lui restera plus que ça– a accouru à la rescousse, n’a pas réussi à me sortir de ma torpeur fascinée.
Et pourtant c’était facile !

Rescousse de Darcos numéro 1 : ''C’est une chouette idée. On va y réfléchir.''
Super !
Et sinon, réfléchir avant, la prochaine fois, z’en pensez quoi ?
Rescousse du ministre numéro 2 : ''Et pis c’est vrai quoi ! 50 % des élèves de lycée ne savent pas ce qu’est la Shoah.''
Deux solutions : soit 50% des lycéens sont des cancres qui ont passé toute leur scolarité près du radiateur sans rien écouter – on se demande comment ils sont arrivés au lycée – soit la moitié des profs d’histoire méritent d’être virés de l’Education nationale parce que l’étude de la Shoah est pile poil au milieu du programme de Troisième. Même le prof le plus en retard dans son programme l’aura nécessairement traité avant le mois de juin.

Le coup du ''pauvre con'', c’est pareil. Un président de la République qui, en parade au salon de l’agriculture, insulte —devant les caméras— un visiteur qui l’a rabroué. C’est tellement inconcevable qu’on reste muet. Tellement énorme qu’on s’y habitue.
La présidence de Sarkozy c’est un peu le pendant français du Jerry Springer Show : trash, scabreux, grossier. Et en même temps fascinant. Presque hypnotique. ''Il va pas oser…'' ''Si il a osé !''
J’ai honte de regarder mais c’est plus fort que moi. J’en reste muet, décérébré...
Fascinant je vous dis…

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