07 décembre 2006

R.E.V.O.L.U.T.I.O.N.N.A.I.R.E...


Il y a longtemps que le mot ''révolutionnaire'' n'avait pas été prononcé dans un congrès socialiste ! Il est sorti tout naturellement, de la bouche de Ségolène Royal, au moment où tous les observateurs s'accordaient pour affirmer qu'elle avait conquis le PS par la ''droite''. La candidate socialiste n' pas gagné la primaire en jouant de cette rhétorique pavée de nostalgie rouge qui permet de promettre l'impossible tout en préparant la plus honteuse des trahisons. Le lyrisme de gauche a toujours annoncé le pire, à l'intérieur comme à l'extérieur du PS. Nous savons trop comment la révolte soixante-huitarde contre l'Etat fut récupérée par le néolibéralisme, et nous voyons, aujourd'hui des mouvements supposés radicaux soutenir la régression culturelle et morale dans les quartiers populaires.



Le machisme, la misogynie débridées des sites ''anti-Ségolène'' en atteste. Une fureur internaute se déchaîne depuis le vote des socialistes... elle vient tantôt de droite, tantôt de gauche, mais elle vise, toujours cette femme forcément nulle et incompétente puisque femme.

Pour faire gauche, on s'en prendra à la bourgeoise, à sa féminité trop chic et surtout, trop maternelle. Elle a des enfants, elle défend donc la famille comme Michel Debré ou Christine Boutin. On la fera passer pour la mère française chère au coeur du Maréchal. N'est-elle pas la présidente d'une région emblématique de la France ''profonde'' ? Or, cette région fut la première à élire une femme au suffrage universel direct. D'autres femmes avaient dirigé des exécutifs régionnaux, dans le Nord-Pas-De-Calais et en Rhône-Alpes, mais elles avaient été élues au terme de laborieuses cuisines d'assemblées. Au demeurant, la ''province'' n'est plus, depuis longtemps, en retard sur Paris, qui ne compte guère que deux femmes parmi les vingt maires d'arrondissement.



Pour la première fois dans notre Histoire, un grand parti donne à une femme la possibilité d'accéder à la plus haute responsabilité. Et c'est bien une révolution ! Elle est double d'ailleurs : les adhérents, les cadres et les élus du PS se trouvent, cette fois en adéquation avec l'électorat de gauche qui, dans les sondages, accordait sa préférence à Ségolène Royal. Cela surprend, mais le PS aborde l'élection présidentielle en se plaçant à l'avant-garde de la société.



Le seul président socialiste que nous avons connu en était assez éloigné. François Mitterrand vivait en homme d'une autre époque, monarque entouré de favorites, partageant sa vie entre la reine officielle, la compagne clandestine et l'enfant cachée. Les pandores de l'Elysée protégeaient deux lours secrets, Mazarine et l'état de santé du Président. Il avait pourtant une claire conscience de l'avenir et préparait une postérité féminine, pour lui-même et pour la France. Le paradoxe de Ségolène est d'être l'autre fille cachée de Mitterrand... et bien sûr, on reproche à la candidate de ne pas ressembler à l'idée que l'on se faisait des femmes de gauche... c'est peut-être là sa chance.



Ségolène Royal n'a pas le style d'une institutrice socialiste, ni celui d'une syndicaliste FO. Elle semble atypique. Comme tous ceux qui ont conduit la gauche. Léon Blum avait des allures de grands bourgeois, ce qu'il était ; François Mitterrand ne ressemblait pas aux caciques du socialisme ; Lionel Jospin, lui, faisait très socialiste. Il éprouva donc le besoin de dire que son programme ne l'était pas... Ségolène Royal commettra sans doute des erreurs, mas pas celle-là...

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