05 novembre 2006

God Save The...


...Queen !

Un dimanche après-midi où je n'ai pas envie de travailler les cours pour demain ! Il faut pourtant préparer les cours pour cette semaine... remettre le nez au moins !
Bref, me voici au ciné... pour aller voir The Queen de Stephen Frears...

Moment critique par Cher Azad :

La cour d'Angleterre vous semble une inepte survivance ? Il est cependant impératif d'aller voir The Queen parce que la prestation d'Helen Mirren est mieux qu'historique : unique. Elle ne joue pas Elisabeth II d'Angleterre, elle ne l'imite pas, elle l'incarne, la vampirise, la réinvente, en fait une incarnation à la fois si crédible et si distancée qu'on en reste éblouis.

A part ça, The Queen est royalement intelligent et divertissant, d'une aimable cruauté et fomidablement scénarisé. Les images d'actualité s'intègrent au film avec une douceur pernicieuse, le jour de l'enterrement de Lady Di on regarde les figurants célèbres entrer dans l'abbaye de Westminster, Steven Spielberg, Tom Cruise, Luciano Pavarotti, on voit le frère de Diana monter en chair pour villipender la presse et la cour, puis on passe sur le visage fermé... d'Helen Mirren.

Le pari semblait insolent. Un réalisateur anglais pouvait-il, oserait-il fustiger sans frôler le crime de lèse-majesté ou tomber dans le plat docu-fiction, l'attitude désastreuse de la famille royale britannique au lendemain de la mort, le 31 août 1997, de la princesse de Galles ?

Oui, en convoquant toute la troupe de Buckingham Palace, les majordomes, les conseillers, l'inflexible souveraine qui refuse de comprendre le chagrin de son peuple, l'hésitant prince Charles, la reine mère dignement éméchée, l'affreux prince Philip, mais en donnant pratiquement la première place à un autre personnage authentique, Tony Blair.

Scènes drolatiques des premières gaffes protocolaires du jeune Premier Ministre et de sa femme Cherie, puis avec une ardeur militante qui voit s'envoler sa cote de popularité, le nouvel élu prend les commandes et parvient à convaincre la reine de rentrer de Balmoral, de prononcer un discours affligé, de mettre les drapeaux de la couronne en berne, d'accorder enfin à l'ex-belle fille exécrée des funérailles nationales. Pouvoir électif contre pouvoir héréditaire...

Mais peu à peu s'insinue et se propage dans le film à l'égard de la reine une sorte d'indulgence respectueuse, n'est-elle pas, après tout, excusable de n'être que ce qu'il faut qu'elle soit ? Et si Tony Blair a sauvé la monarchie en ces étranges jours de deuil planétaire, ne serait-ce pas qu'il est un peu, lui aussi, comme tout anglais après tout, secrètement, incurablement royaliste ?

Voilà comment, ladies and gentlemen, on réussit à ne facher personne... d'une rare habileté, n'est-il pas ?

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