
Parlons peu, parlons bien...
Un point sur mes origines... Mon grand-père (Kasbar) était arménien, né à Tarsous en Cilicie en 1905. En 1915, l'Empire Ottoman profita du premier conflit mondial pour ''étudier'' la question arménienne. 1.500.000 Arméniens furent déportés, exterminés...
Ils sont tombés sans trop savoir pourquoi
Hommes, femmes et enfants qui ne voulaient que vivre
Avec des gestes lourds comme des hommes ivres
Mutilés, massacrés les yeux ouverts d'effroi
Ils sont tombés en invoquant leur Dieu
Au seuil de leur église ou le pas de leur porte
En troupeaux de désert titubant en cohorte
Terrassés par la soif, la faim, le fer, le feu
Nul n'éleva la voix dans un monde euphorique
Tandis que croupissait un peuple dans son sang
L' Europe découvrait le jazz et sa musique
Les plaintes de trompettes couvraient les cris d'enfants
Ils sont tombés pudiquement sans bruit
Par milliers, par millions, sans que le monde bouge
Devenant un instant minuscules fleurs rouges
Recouverts par un vent de sable et puis d'oubli
Ils sont tombés les yeux pleins de soleil
Comme un oiseau qu'en vol une balle fracasse
Pour mourir n'importe où et sans laisser de traces
Ignorés, oubliés dans leur dernier sommeil
Ils sont tombés en croyant ingénus
Que leurs enfants pourraient continuer leur enfance
Qu'un jour ils fouleraient des terres d'espérance
Dans des pays ouverts d'hommes aux mains tendues
Moi je suis de ce peuple qui dort sans sépulture
Qu'a choisi de mourir sans abdiquer sa foi
Qui n'a jamais baissé la tête sous l'injure
Qui survit malgré tout et qui ne se plaint pas
Ils sont tombés pour entrer dans la nuit
Éternelle des temps au bout de leur courage
La mort les a frappés sans demander leur âge
Puisqu'ils étaient fautifs d'être enfants d'Arménie
Charles Aznavour, 1976.
La question de la reconnaissance officielle du génocide a été pendant longtemps le principal objectif des Arméniens survivants.
Après le complot du silence, ils durent combattre celui du mensonge.
Il aura fallu près de soixante-dix ans pour qu’enfin l’extermination des Arméniens, décrétée par le gouvernement Jeune-Turc, devienne une vérité officielle au sein des instances internationales. Mais rien ne sera définitivement et véritablement résolu tant que cette vérité ne sera pas reconnue par l’Etat Turc lui-même.
Ankara nie le crime et falsifie l’Histoire. Ankara persiste.
C’est lorsque la cause arménienne est réveillée par la commémoration, en 1965, du cinquantième anniversaire du génocide que le gouvernement turc modifie sa stratégie. Il ne se contente pas de nier les faits, il étoffe sa négation par des travaux historiques qui expulsent définitivement les Arméniens du passé turc, l’existence d’une Arménie historique en Anatolie orientale est niée, l’Arménie serait seulement une expression géographique. La négation a alors atteint son point extrême : elle veut démontrer l’inexistence de la victime.
Nous sommes tous, collectivement et individuellement, concernés par cette atteinte à la vérité qui est un outrage à la mémoire de ces martyrs. Pour le respect des victimes, n’oublions jamais ce passé douloureux et luttons pour la reconnaissance du crime.
Après le complot du silence, ils durent combattre celui du mensonge.
Il aura fallu près de soixante-dix ans pour qu’enfin l’extermination des Arméniens, décrétée par le gouvernement Jeune-Turc, devienne une vérité officielle au sein des instances internationales. Mais rien ne sera définitivement et véritablement résolu tant que cette vérité ne sera pas reconnue par l’Etat Turc lui-même.
Ankara nie le crime et falsifie l’Histoire. Ankara persiste.
C’est lorsque la cause arménienne est réveillée par la commémoration, en 1965, du cinquantième anniversaire du génocide que le gouvernement turc modifie sa stratégie. Il ne se contente pas de nier les faits, il étoffe sa négation par des travaux historiques qui expulsent définitivement les Arméniens du passé turc, l’existence d’une Arménie historique en Anatolie orientale est niée, l’Arménie serait seulement une expression géographique. La négation a alors atteint son point extrême : elle veut démontrer l’inexistence de la victime.
Nous sommes tous, collectivement et individuellement, concernés par cette atteinte à la vérité qui est un outrage à la mémoire de ces martyrs. Pour le respect des victimes, n’oublions jamais ce passé douloureux et luttons pour la reconnaissance du crime.
Ce combat continue...
La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915, loi du 29 janvier 2001.
Ce n’est qu’une simple phrase, mais il aura fallu trois ans aux parlementaires français pour l’écrire, mettant ainsi un terme à un âpre affrontement politico-diplomatique avec la Turquie. Tout débute le 29 mai 1998. L’Assemblée nationale française adopte à l’unanimité une proposition de loi socialiste posant la reconnaissance du génocide arménien. Il ne reste plus qu’à faire voter le texte par le Sénat. Mais les autorités turques voient rouge : elles dénoncent, par la voix d’émissaires, le penchant ''colonialiste'' de la France… et annoncent le boycott du groupe français Eurocopoter, en lice pour décrocher un vaste contrat avec l’armée turque. Le message est reçu côté français. La proposition de loi ne sera jamais inscrite à l’ordre du jour du Sénat. Les associations arméniennes ne désarment pas pour autant.
Deux ans plus tard, leur lobbying s’avére payant : après le dépôt et le vote d’une proposition de loi au Sénat en novembre 2000, le texte arrive à l’Assemblée nationale. Malgré de nouvelles récriminations d’Ankara qui rappelle son ambassadeur en France, la loi est finalement adoptée le 29 janvier 2001. Pour ne pas froisser les autorités turques, le chef de l’Etat, Jacques Chirac, et le premier ministre, Lionel Jospin, prendront bien soin de préciser que cette loi était une initiative des parlementaires…
La France rejoint ainsi, entre autres, l’Uruguay (premier pays à avoir reconnu officiellement le génocide), la Russie, la Grèce, l’Italie, le Vatican ou la Belgique. Pionnier sur le sujet, le Parlement européen avait reconnu, dans une résolution, le génocide arménien dès… 1987. L'Allemagne avait prévu de commémorer le 90 ème anniversaire du génocide arménien, le 24 avril 2005. Toutefois, cette journée commémorative qui aurait risqué de perturber les bonnes relations diplomatiques de l'Allemagne et de la Turquie, a finalement été annulée. Compte tenu du fait que la communauté turque joue un rôle politique nettement plus important que les Arméniens, en Allemagne, cela n'a rien d'étonnant. Il est bon de rappeler également qu'en tant qu'alliée de l'empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, l'Allemagne ne s'est pas opposée à la Turquie lors des massacres de 1915. Récemment, le débat a rebondi en France à la faveur du débat sur l’entrée de la Turquie à l’Union européenne (UE). Le 29 avril 2004, Jacques Chirac affirmait que la reconnaissance du génocide de 1915 par Ankara était ''un problème qui concerne l’Arménie et la Turquie'' et qu’elle ne saurait constituer un préalable à l’intégration de la Turquie dans l’UE. Devant le tollé soulevé par ces déclarations au sein de la communauté arménienne, le gouvernement a rectifié le tir quelques mois plus tard. En décembre 2004, à la veille du sommet scellant l’ouverture des négociations entre l’UE et Ankara, Michel Barnier, le ministre des affaires étrangères français, appelait la Turquie à effectuer ''son devoir de mémoire'' envers l’Arménie. Mais le ministre prenait soin de ne jamais prononcer le terme ''génocide'' et rappelait que la reconnaissance des massacres de 1915 n’était pas une condition sine qua non à l’entrée de la Turquie dans l’UE… D'ailleurs les Arméniens d'Arménie souhaitent l'entrée de la Turquie en Europe, car cette entrée permettrait enfin l'ouverture de la frontière entre les deux pays...
Du chemin reste à faire... mais pour faire connaissance avec l'Arménie, l'Arménie vient à vous... 2006 est l'année de l'Arménie en France.
Après l' Algérie (2003), la Chine (2004), le Brésil (2005), l' Arménie sera sous les projecteurs de l'automne 2006 au printemps 2007. Cet évènement national, initié à la demande du Président de la République, sera orchestré par Mme Nelly Tardivier-Henrot, chargée de mission au musée du Louvre.
L'objectif de cette action est de faire découvrir l'Arménie et sa civilisation vieille de 3000 ans à un public français le plus large possible. Des expositions, des concerts, des colloques, des festivals, des projections seront programmées dans toute la France. La République d'Arménie a été officiellement associée et participera à la hauteur de l'événement. D'ores et déjà, le musée du Louvre consacrera une exposition sur le patrimoine arménien . D'autres manifestations culturelles nationales seront associées à l'année de l'Arménie et seront porteuses de retombées médiatiques importantes.
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